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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/92

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du vieux temps

qu’une branche de gui, Virgile paraissant l’avouer lui-même en le comparant à une touffe de cet arbuste, et en disant qu’il se trouvait sur un chêne.

En résumé, tous ces emblèmes végétaux ne sont très-probablement que des imitations du soma védique et du home ou haoma, la plante sacrée, l’arbre de vie des Orientaux[1]. Cela est d’autant plus à croire que les mages donnaient aussi le nom de rameau d’or au haoma, et que c’était également ainsi que le barde Taliésin qualifiait le gui (pren puraur, rameau d’or pur).

Les Gaulois ne furent pas les seuls peuples, de l’antiquité qui attribuèrent au gui une puissance occulte. Les Romains l’employaient dans toutes leurs cérémonies magiques. Il était compté, au moyen âge, parmi les herbes du sabbat, et dans certaines parties de l’Allemagne, il porte, de toute ancienneté, le nom de rameau des spectres.

Cette plante merveilleuse et vénérée devait nécessairement posséder, au physique ainsi qu’au moral, toute, espèce de vertus préservatrices ; aussi voyons-nous que le mot gui était, chez les Celtes synonyme de remède universel[2]. Dans leur opinion, le gui était un antidote infaillible contre toutes sortes de poisons ; il rendait féconds les animaux stériles, et lorsqu’on le cueillait sans se servir d’un instrument de fer, et, ainsi que nous l’avons dit, sans le laisser toucher la terre, c’était un préservatif assuré contre le mal caduc.

Sous le rapport religieux, le gui, parmi nous, semble, comme on l’a vu plus haut, avoir été remplacé par le buis ; mais nous lui reconnaissons encore quelques-unes des vertus curatives que lui attribuaient les anciens. Nos paysans s’en servent toujours pour combattre l’épilepsie ; les matrones de

  1. Voy. ce que dit Jean Reynaud de ces plantes sacrées, dans l’Esprit de la Gaule, p. 228 et suiv.
  2. Pline, Histoire naturelle, liv. XVI, ch. 95.