Aller au contenu

Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

58
souvenirs

nos villages l’emploient dans les accouchements laborieux, et on l’administre également au bétail pour faciliter le part. — Un savant médecin-botaniste, originaire du Berrv, M. A. Fée, s’exprime ainsi, à propos des prétendues propriétés médicales du gui : « Les baies du gui, âcres et amères, sont purgatives, mais elles sont bannies de l’usage… Naguère encore le gui de chêne avait la réputation de guérir l’épilepsie. On trouve encore dans la pharmacopée de Baumé, et dans celle de plusieurs autres auteurs, une poudre antispasmodique dans laquelle le gui figure comme principal médicament. La fameuse poudre de la princesse de Carignan, contre les convulsions des enfants, est dans le même cas, ainsi que la poudre de Guttète. »

Il y a soixante ans, le gui de chêne était encore très-recherché et payé fort cher par les pharmaciens de nos villes ; mais cette sorte de gui, fort difficile à rencontrer à toute époque, étant devenue introuvable[1], nous la remplaçons, sans trop de désavantage, par le gui d’aubépine, qui est le plus rare de tous les guis après celui que produit le chêne[2].

D’ailleurs, l’aubépine elle-même a hérité, dans nos campagnes, d’une partie de la vénération que les Gaulois nos pères avaient pour le chêne. Il est de tradition, parmi nous, que ses rameaux fournirent la couronne de douleur que les

  1. Il est à notre connaissance qu’un chêne situé près du domaine de la Grimauderie, commune de Néret, canton de la Châtre, en produisait encore il n’y a pas longtemps.
  2. « Les arbres sur lesquels on a trouvé le gui parasite, dit M. Fée, sont les suivants : le sapin, le mélèze, l’oxycèdre, dont l’espèce distincte est connue sous le nom de Viscum oxycedri ; l’érable, le bouleau, le châtaignier, plusieurs espèces de chênes, le coudrier, le cognassier, le rosier-églantier, le cormier, le noyer, l’olivier, l’azérolier, le pommier, les poiriers et les pruniers sauvages ou domestiques, le térébinthe, le tilleul, le peuplier et le frêne. » — On voit que l’aubépine n’est pas mentionnée sur cette liste ; cependant nous avons rencontré quelquefois le gui sur cet arbuste. « Quoique implanté sur une foule d’arbres différents, ajoute M. Fée. le gui ne varie point. Il est absolument le même sur le pommier, sur le mélèze, sur le peuplier, etc. »