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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/98

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du vieux temps

temple d’Héliopolis, on donnait au fer, en Égypte, le nom d’os de Typhon, — ce qui équivaut à os du diable, parce que ce métal sert à couper et à détruire. Les prêtres de ce pays se seraient bien gardés d’employer un couteau pour couper le pain azyme et même le pain ordinaire ; c’eût été commettre un sacrilége. Le peuple, en Égypte, avait aussi pour habitude, en toute circonstance, de rompre le pain. — Les Juifs, chez lesquels on trouve plus d’une institution empruntée des Égyptiens, se conforment à cette coutume lorsqu’ils célèbrent la Pâque. Au commencement de ce repas, le chef de la maison prend un pain, le bénit, le rompt, et le distribue aux convives. À la fin du même repas, on a soin d’enlever tous les Couteaux, parce que la table est considérée comme un autel dont le fer ne doit pas approcher. — Chez les Arabes, « à table, on ne doit pas se servir d’un couteau, » dit le général Daumas[1]. — Faut-il voir encore un souvenir de ces antiques observances dans l’usage où sont, en France, les gens de bonne compagnie, qui savent se conduire à table, de rompre et de ne jamais couper leur pain.

Mais rentrons dans notre sujet. — Les anciens avaient également leur fête des Rameaux. Chez les Grecs, c’était une procession en l’honneur d’Apollon Isménien, dans laquelle on voyait le pontife de ce dieu, une couronne d’or sur la tête, une branche de laurier à la main, précéder un chœur de jeunes filles qui toutes, à son exemple, portaient des rameaux et chantaient des hymnes[2].

Ces mêmes peuples, lorsque venaient les Pyanepsies, autres solennités consacrées à Apollon et à Diane, attachaient aux portes de leur demeure l’eiresionè, c’est-à-dire un rameau d’olivier ou de laurier qui restait, ainsi que le buis de nos chaumières, fixé à l’entrée de leurs maisons pendant toute

  1. Mœurs et coutumes de l’Algérie, p. 43.
  2. Proct. Chrestom., apud Photium, p. 988.