l’année[1]. Ce dernier usage était aussi connu des Romains. « Le laurier, dit Pline[2], est propice à nos habitations ; il fait sentinelle à la porte des Césars et à celle des pontifes ; il décore nos demeures et en protége les abords. » — « Le laurier, ajoute Ovide[3], veille en gardien fidèle sur le seuil des grands. » — Les simples particuliers, toujours dans le but d’éloigner de leurs maisons toute espèce de calamités, plaçaient à leurs portes une branche de houx ou de rhamnus[4].
Quand arrivaient les calendes de mars, époque à laquelle commença longtemps l’année romaine, on ne manquait jamais de substituer de nouveaux feuillages aux anciens :
Neu dubites, primæ fuerint quin ante kalendæ
Martis ; ad hæc animum signa referre potes.
Laurea flaminibus, quæ toto perstitit anno,
Tollitur, et frondes sunt in honore novæ[5]…
La coutume où nous sommes nous-mêmes, de renouveler, dans cette saison, le buis de nos portes, date évidemment de l’époque où notre année s’ouvrait en mars[6].
C’est aussi le jour des Rameaux que nous suspendons des faisceaux de buis aux croix des cimetières et des carrefours, et cet usage a donné lieu à cette expression berrichonne : profiter comme le buis à la croix, locution expressive que nous employons en parlant d’un jeune animal ou d’une jeune plante dont la croissance est nulle : — « Voilà un enfant qui pousse comme la charbe (le chanvre), tandis que son frère ne profite pas plus que le buis à la croix. »