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impliquent, le premier surtout, l’isolement du monde et l’abstention de l’action[1].

Le Karmajoga du Baghavat Gita est au contraire la Dévotion, l’Union mystique, en restant dans le monde et y exerçant l’activité nécessaire.

« L’action », dit le Bien-Heureux, « vaut mieux que l’inaction, et on ne peut jamais s’en dispenser complètement, ne fût-ce que pour entretenir la vie. »

« Même dans l’intérêt des hommes, tu dois agir, car tu leur dois l’exemple du bien. C’est ainsi que, moi que rien n’oblige à l’action, j’agis sans cesse pour que les Êtres m’imitent. »

L’Union mystique consiste à vivre détaché du monde illusoire dans le monde même, les yeux toujours fixés uniquement sur l’être suprême, tout en lui, lui rapportant tout à titre d’adoration et d’accomplissement du sacrifice, m’obéissant jamais à un mobile intéressé, c’est-à-dire étranger à l’adoration elle-même pour elle-même, et ne se préoccupant aucunement du résultat de l’accomplissement de l’œuvre obligée.

Rien d’extrême et de forcé dans cette dévotion.

La dévotion qui triomphe de la triple douleur naît de la modération dans le manger, dans la récréation, dans le sommeil, dans la veille, etc.

Le dévot qui par des efforts incessants et acharnés s’est purifié de tous ses péchés, et a conquis la perfection après plusieurs renaissances est détaché de tous ses liens avec la matière et arrive au but suprême (l’Esprit Unique). »

« Le solitaire (Sanyassi) qui pratique l’Ascétisme absolu, le disciple de Pantajali qui s’applique uniquement à la connaissance et le simple fidèle qui se borne à accomplir les devoirs de la Caste et les cérémonies du culte errent tous trois par exclusivisme et restriction. »

« Le dévot (Yogui du Karma) réunit dans une mesure juste et vraie les conditions et mérites séparés des trois ; la pratique des exercices ascétiques, l’acquisition de l’Union spirituelle et l’accomplissement à titre de sacri-

  1. Suivant l’Upanishad la plus importante, c’est en ne pensant à quoi que ce soit, qu’on se délivre des formes de l’existence et qu’on a la vue de Brahma.