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Brahmes eurent l’adresse de faire en sorte que, les Soudras, c’est-à-dire la masse de la population, ne vissent dans le Bouddha qu’un dieu de plus qu’ils adorèrent à l’occasion, mais auquel ils ne s’attachèrent point comme à un Être d’une sagesse et d’une bonté infinie, comme on l’a fait dans les pays qui sont restés bouddhistes. De là vint sans doute aux Brahmes l’idée d’en faire une Incarnation de Vichnou que, plus tard, ils représentèrent comme malfaisante ainsi que sa doctrine. Dans la période de faveur superficielle qu’eut le Bouddhisme dans le sud de l’Inde, grâce à la protection d’Açoka et de ses successeurs, il s’y fonda un grand nombre de couvents bouddhiques. Ainsi que nous le verrons plus loin, le pèlerin Chinois Fa Hien dans le ve siècle de notre ère avait trouvé partout dans l’Inde d’innombrables couvents, pour la plupart florissants ; deux siècles plus tard, lors du pèlerinage de Hiouen Tsang, un grand nombre étaient en ruinés ou déserts près des pagodes Brahmaniques en faveur.

Ce qui a signalé surtout le règne d’Acoka, c’est l’expansion qu’avec son aide et sous sa protection, le Bouddhisme prit, par l’envoi, à la suite du concile de Patna de missionnaires dans presque toute l’Inde et dans les états limitrophes. Il y eut des missions pour le Cachemire et le Candahar ; pour la province de Vanveasa (aujourd’hui Goa), pour le Radjapoutana et le grand désert contigu, pour l’ouest du Punjab, dans le Dèkan, sur les bords de la Nerbudda où les Grecs avaient fondé des établissements, dans le Meissour, chez les Mahrates dans le haut du Godavery, dans la Baktriane, dans le massif central des Himmalayas jusqu’à Ladak, dans la vallée de l’Irravady et Suvaniabhumi le pays de l’or (la Birmanie et le Pégou) que convertirent les théros Cosra et Uttara ; enfin à Ceylan. Ce fut Mahinda, fils du roi Açoka, qui eut cette dernière mission.

Le Bouddhisme fut ainsi la première religion de propagande et de prosélytisme, de même qu’elle fut la première religion altruiste et indépendante. L’un était la conséquence de l’autre.

La Birmanie ne fut complètement convertie au Bouddhisme qu’après le séjour qu’y fit Budhagosta vers l’an 450 après J.-C. et Siam que vers l’an 630 de notre ère, Java paraît avoir reçu les premiers missionnaires de Ka-