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Page:Langlois - La decouverte de l'Amerique par les Normands vers l'an 1000. Deux sagas islandaises, 1924.djvu/44

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XXXVIII
INTRODUCTION

sa littérature. On y retrouve plus longtemps les goûts littéraires nationaux, l’amour de la poésie et du récit rythmé, qualités communes aux membres de la famille scandinave d’origine germanique. On y célébra, par les âges, l’esprit de franchise, les vertus parfois quelque peu rudes et les histoires des hommes célèbres des grands clans.

Les Islandais gardèrent longtemps ce besoin de mouvement, ce désir du risque et de la célébrité. La nature sauvage et rude, de leur pays les poussait à rechercher les contrées meilleures, au climat plus doux.

Toutefois, par ignorance ou par goût, ils ne semblaient pas apprécier les terres dont les ressources différaient sensiblement de celles de leur pays natal, l’élevage et la pêche.

Leurs mœurs et leur civilisation subirent à peine les atteintes de l’évolution générale de l’Europe continentale. Ils n’en eurent, sans doute, qu’un faible écho dans leur île lointaine.

Par contre, quelles énergies admirables, quelle audace et quel courage montraient ces cultivateurs pour travailler cette ingrate terre, ou ces marins pour braver une mer sauvage qui les enserrait de ses tempêtes, ses glaces, ses brouillards et ses orages boréaux.

On comprend aussi, malgré leur vigueur morale, l’influence que purent avoir la colère incessante des éléments sur la mentalité de ces hommes, leurs craintes et leurs terreurs.

Les Sagas islandaises en conservent le reflet. Il ne faut point s’étonner d’y retrouver, peut-être plus vigoureuse, cette touche de mysticisme, d’amour du merveilleux si coutumiers chez les Scandinaves, qui ne dépare, d’ailleurs, nullement leurs mœurs, ni leur littérature. C’est un trait de l’esprit local, dont on ne saurait faire un argument contre la véracité des Sagas.

Mais hormis ce penchant parfois vivement marqué, la littérature islandaise est simple et exacte comme il convient à des gens peu compliqués et habitués aux aventures. Ils eussent, sans doute, trouvé superflu et ennuyeux les fleurs oratoires et odieux le mensonge dans une relation.

Ils devaient, si nous pouvons faire une comparaison, ressem-