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La similitude de l’avant et de l’arrière explique le double sens du mot « stavn », qu’on trouve fréquemment dans les textes, et qui désigne indistinctement l’une des extrémités du navire. À l’usage, il faut un préfixe « for » ou « bak » pour déterminer s’il s’agit de la proue ou de la poupe.

Les navires de guerre marchaient en général à la rame ; mais les « knôrr », les cargos, utilisaient plutôt la voile. Ils n’avaient qu’un mât placé au milieu de la longueur. Ce mât portait une vergue qui soutenait une grande voile carrée. « Cette disposition, d’après l’amiral Le Bris, permettait de naviguer aisément dans les environs du vent arrière et à l’occasion avec le vent de travers. De tels navires ne devaient pas être très aptes à serrer le vent ou à louvoyer, mais ils pouvaient toutefois, malgré la dérive ; faire de la route avec le vent de travers. Ils devaient profiter autant que possible des circonstances de vent favorable pour effectuer leurs traversées. » C’est exactement l’avis de M. Hovgaard.

Il y avait un seul gouvernail, à tribord, fait d’une forte pale, passée dans un anneau ou un collier fixé au bordage, sur le côté droit en regardant l’avant, d’où le nom de « stjornbordi » (styrbord en danois, starboard en anglais), donné au côté tribord, tandis que l’autre s’appelait « bakbordi », le côté auquel l’homme de barre tournait le dos.

Les côtes étaient maintenues par des rivets de bronze ou de fer et le bordage était calfaté. L’ancre n’était souvent qu’une pierre ou une caisse remplie de pierres. La voile était de chanvre ou de lin, parfois de cuir et garnie de ris.

Malgré leurs dimensions qui nous semblent si faibles, en proportion de nos énormes navires actuels, ces cargos pouvaient transporter un personnel normal de 12 à 20 hommes et un matériel relativement important. Nous verrons Karlsieni partir, avec, en plus de ses 40 hommes, des vivres, des matériaux de construction, du bétail et même une pacotille d’échange.

L’équipage vivait généralement à bord sous des tentes dressées sur des piquets qui rappelaient les poutres de pignons des maisons, d’où leur nom « vindskeidar ». Ces tentes abritaient aussi