Aller au contenu

Page:Langlois - La decouverte de l'Amerique par les Normands vers l'an 1000. Deux sagas islandaises, 1924.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
56
la découverte de l’amérique

d’un grand avenir. Il était très porté à voyager dès sa jeunesse et il devint riche et estimé. Il avait l’habitude de passer ses hivers, alternativement l’un en voyage et le suivant chez son père. Bjarni devint bientôt propriétaire d’un bateau de commerce et pendant qu’il passait un dernier hiver en Norvège, Herjolf (son père) se résolut d’accompagner Eirik dans son voyage au Groenland et prit ses dispositions pour abandonner sa ferme. Sur le même bateau qu’Herjolf était un chrétien des Hébrides qui composa le chant des « rouliers de la mer »[1] qui contient ces vers :

« Je prie le chercheur de moines sans fautes
(le Christ) de protéger mon voyage
Lui, le Seigneur de la salle de la calotte des cieux
De maintenir le siège des faucons au-dessus de moi »[2]

Herjolf s’établit à Herjolfness et fut un homme remarquable. Eirik demeurait à Brattalid où il était tenu en haute estime et tous les hommes lui rendaient hommage.

Les enfants d’Eirik étaient : Leif, Thorvald, Thorstein et une fille nommée Freydis. Elle était mariée à un homme nommé Thorvard. Ils habitaient Gardar, qui est maintenant le siège d’un évêché. C’était un faible. En ce temps-là, les habitants du Groenland étaient païens.

Bjarni arriva avec son navire à Eyrar[3], dans l’été de la même année où son père était parti. Ce dont Bjarni fut bien surpris. Il ne voulut pas débarquer ses marchandises. Son équipage lui demanda ce qu’il entendait faire ; il répondit qu’à son habitude, il passerait l’hiver à la maison de son père « et je veux aller avec le navire au Groenland, si vous me tenez compagnie ». Ils répondirent tous qu’ils feraient ce qu’il voudrait. Alors, Bjarni dit : « Notre voyage peut être considéré comme une folie, car pas un de nous n’a jamais été dans la mer du Groenland. » Néanmoins, ils partirent dès que le navire fut équipé pour le voyage.

  1. Légende nordique.
  2. Le ciel me protège.
  3. Eyrar est un port d’Islande.