Page:Langlois - La decouverte de l'Amerique par les Normands vers l'an 1000. Deux sagas islandaises, 1924.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
67
par les normands vers l’an mille

de Thorstein « le Basané » mourut. Quand elle fut morte, Thorstein sortit pour chercher une planche, pour y poser le corps. Alors, Gudrid dit : « Ne sois absent longtemps, mon Thorstein. » Il répondit qu’il en serait ainsi. Thorstein, fils d’Eirik, s’écria alors : « Notre maîtresse de maison se comporte maintenant d’une façon extraordinaire, la voilà qui se soulève sur son coude et sort ses pieds pour attraper ses chaussures. »[1] À ce moment, Thorstein (le maître du logis) entra et Grimhild se recoucha, en même temps toute la charpente de la maison craqua. Thorstein confectionna alors un cercueil pour le corps de Grimhild et l’emporta et y mis tout son soin. C’était un homme gros et puissant, mais il lui fallut toute la force pour sortir le corps de la maison. Thorstein, fils d’Eirik, alla plus mal et mourut, ce dont sa femme Gudrid eut grande douleur. Ils se tenaient tous dans la pièce à ce moment, Gudrid était assise sur une chaise devant le banc sur lequel son mari Thorstein était étendu. Thorstein, l’hôte prenant alors Gudrid par les bras, l’entraîna de son siège et s’assit avec elle sur un autre banc en face du corps essaya de la consoler par divers moyens, s’efforça de la rassurer et lui promit de l’accompagner au Eiriksfjord avec le corps de son Mari et ceux de ses compagnons : « Je rassemblerai d’autres personnes ici, dit-il, pour veiller sur toi et te distraire. » Elle le remercia. Alors, Thorstein ; fils d’Eirik se dressa et dit : « Où est Gudrid ? »

Il répéta sa question trois fois, mais Gudrid ne répondit pas. Elle demanda alors à Thorstein l’hôte : « Dois-je répondre à sa question ? » Thorstein l’hôte la pria de ne pas répondre, il traversa l’espace de planches et s’assit lui-même sur la chaise, et Gudrid sur ses genoux et dit : « Que désires-tu, ô mon homonyme ? » Après un petit moment, Thorstein répondit : « Je désire raconter à Gudrid le sort qui l’attend, de façon qu’elle déplore moins ma mort, car je suis à vrai dire dans une bonne demeure. Ce que j’ai à te dire, Gudrid, c’est que tu épouseras un Islandais[2], que vous vivrez ensemble, que vous aurez une

  1. Scène de revenants fort goûtée par les Normands.
  2. Karlsefni, héros de la deuxième Saga.