Aller au contenu

Page:Langlois - La decouverte de l'Amerique par les Normands vers l'an 1000. Deux sagas islandaises, 1924.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
69
par les normands vers l’an mille

Vinland et celui-ci répondit qu’il voulait bien la lui prêter, mais non la lui donner. Ils prirent la mer avec le navire et arrivèrent sains et saufs au campement de Leif. Ils descendirent leurs hamacs, ils furent vite fournis avec une bonne et abondante nourriture, car une baleine de bonne taille et qualité s’échoua sur le rivage, ils l’attrapèrent, la découpèrent, et ainsi ne manquèrent pas de provisions. Le bétail fut réparti dans le pays et les mâles devinrent bientôt agités et vicieux. Ils avaient amené un taureau avec eux. Karlsefni fit abattre des arbres et les fit équarrir et le bois fut placé sur une colline rocheuse pour sécher. Ils rassemblèrent tout ce qui dans ce pays présentait quelque valeur, des raisins et toute espèce de gibier, poissons et autres bonnes choses. L’été qui suivit ce premier hiver, les Skroelings furent découverts, une nombreuse troupe d’hommes sortit de la forêt. Le bétail était justement à proximité et le taureau se mit à beugler et à meugler avec un grand bruit ; de quoi les Skroelings furent effrayés et s’enfuirent avec leurs marchandises qui étaient des fourrures grises, zibelines et autres pelleteries. Ils s’enfuirent dans la direction de la hutte de Karlsefni et essayèrent d’en forcer l’entrée, mais Karlsefni leur en fit interdire les portes. Aucun des partis ne comprenait le langage de l’autre. Les Skroelings déposèrent leurs ballots, les délièrent et offrirent leurs marchandises. Ils désiraient tout spécialement les échanger contre des armes, mais Karlsefni défendit à ses hommes de vendre leurs armes. Après réflexion, il pria les femmes d’apporter du lait aux Skroelings ; aussitôt ceux-ci voulurent en acheter et rien autre. Le commerce des Skroelings consista alors à emporter leurs marchandises dans leurs estomacs en laissant le chargement et leurs pelleteries aux mains de Karlsefni et de ses compagnons ; puis après les échanges, ils s’en allaient. Il faut dire que Karlsefni fit construire une forte palissade de bois tout autour de la maison. Ce fut alors que Gudrid, femme de Karlsefni, mit au-monde un enfant mâle qui fut appelé Snorri. Au début du deuxième hiver, les Skroelings revinrent et bien plus nombreux qu’auparavant, apportant avec eux les mêmes marchandises qu’au début. Alors Karlsefni dit