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Page:Langlois - La decouverte de l'Amerique par les Normands vers l'an 1000. Deux sagas islandaises, 1924.djvu/80

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la découverte de l’amérique

cachant cinq hommes de plus, ce que les frères ne connurent qu’après leur arrivée au Vinland.

Ils prirent la mer, ayant convenu de naviguer, si possible de conserve. Bien qu’ils ne fussent pas loin les uns des autres, les frères arrivèrent quelque peu en avance et transportèrent leur bien au campement de Leif. Quand Freydis arriva, son bateau fut déchargé et les bagages transportés à la hutte et alors, elle s’écria : « Pourquoi avez-vous porté vos affaires ici ? » « Parce que, dirent-ils, nous pensions que toutes les promesses devaient être tenues. » « C’est à moi que Leif a prêté la maison et non à vous. » Là-dessus, Helgi s’écria : « Nous, les frères, ne pouvons rivaliser avec toi en malfaisance. » Ils emportèrent leurs affaires, construisirent une hutte, au-dessus de la mer, sur le bord du lac et s’y installèrent confortablement. Freydis donna l’ordre d’abattre du bois pour charger son navire. L’hiver arriva et les frères suggérèrent qu’on pourrait se distraire en jouant à quelque jeu. On fit ainsi pendant un temps, jusqu’au moment où l’on ne fut plus d’accord, il s’ensuivit des dissentiments et les jeux cessèrent ainsi que les visites entre huttes. Une partie de l’hiver se passa.

Un matin, de bonne heure, Freydis sortit de son lit, s’habilla mais ne mit ni bas ni chaussures. Il était tombé une rosée épaisse, elle prit le manteau de son mari et s’enveloppa dedans. Puis elle se rendit à la hutte des frères et jusqu’à la porte qui avait été laissée entr’ouverte par un homme qui était sorti peu avant. Elle poussa la porte et s’assit en silence dans l’entrée pendant un moment. Finbogi était couché au fond de la chambre, il s’éveilla et lui demanda : « Que souhaites-tu ici, Freydis ? » Elle répondit : « Je souhaite que tu te lèves et viennes dehors avec moi, car je voudrais te parler, » Il le fit et ils allèrent jusqu’à un arbre qui était abattu près du mur de la hutte, et ils s’assirent dessus. « Comment te plais-tu ici ? dit-elle. » Il répondit : « Je me réjouis de la fertilité du pays, mais je suis mécontent de la rupture qui s’est produite entre nous, car, ma parole, il n’y a aucune raison pour cela. » « Tu l’as toujours dit, dit-elle, et je suis du même avis, mais je suis venue près de toi pour