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Page:Langlois - La decouverte de l'Amerique par les Normands vers l'an 1000. Deux sagas islandaises, 1924.djvu/98

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la découverte de l’amérique

tant par elle-même que par son père et la chose fut décidée. Thorstein épousa Gudrid et la noce eut lieu à Brattalid dans l’automne. La réception se passa bien et l’assistance fut nombreuse. Thorstein avait une maison dans les établissements de l’Ouest, dans une certaine ferme du Lysufjord. La moitié des intérêts dans cette propriété appartenait à un homme nommé aussi Thorstein, dont la femme s’appelait Sigrid. Thorstein alla au Lysufjord à l’automne, près de son homonyme et Gudrid l’accompagna. Ils furent bien reçus et restèrent durant l’hiver. Il arriva que la maladie s’abattit sur leur maison au début de l’hiver. Le régisseur s’appelait Gard, il n’était pas aimé ; il fut atteint le premier, et mourut. Peu de temps après, l’un et l’autre des hôtes furent pris et moururent. Thorstein, fils d’Eirik, tomba malade ainsi que Sigrid, la femme de l’autre Thorstein. Et un soir, Sigrid demanda à aller aux lieux qui étaient dans un bâtiment en face de la maison. Gudrid l’accompagna. Arrivée à la porte extérieure, Sigrid poussa une grande plainte : « Nous avons agi sans réflexion, dit Gudrid, il ne sert à rien de crier, bien que le froid te frappe, rentrons au plus vite ». Sigrid répondit : « Ceci ne peut se faire dans l’état actuel. Tous les morts sont dressés devant la porte, parmi eux, je vois ton mari Thorstein et je peux me voir moi-même et rien de plus effroyable à regarder ? » Mais, aussitôt que ceci fut passé, elle s’écria : « Allons maintenant Gudrid, je ne vois plus la bande. » Le surveillant avait disparu à sa vue, alors qu’il lui semblait auparavant se tenir avec un fouet à la main et faisait le geste de fouetter le troupeau. Alors elles rentrèrent. Avant le matin, elle était morte, et un cercueil fut fait pour son corps. Ce même jour, les hommes projetèrent d’aller à la pêche et Thorstein les accompagna au port. Au crépuscule, il descendit pour voir leur pêche. Thorstein, fils d’Eirik, envoya un mot à son homonyme, pour lui dire de venir, que tout n’allait pas comme il fallait là-bas[1] ; la maîtresse (morte) voulait se lever et demandait à s’habiller près de lui. Lorsqu’il entra dans la chambre, elle se dressa sur le lit funèbre. Il lui prit alors les mains, et lui plaça une hache

  1. C’est ici encore une scène de sorcellerie.