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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/125

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leur souvenir comme une partie de leur infinie félicité.

Ils achevaient doucement l’après-midi devant une tasse de café chez Kerhulu. Alain bravait son Université. Nicole n’était plus la sévère Nicole. Ses devoirs cessaient d’être aussi rigoureusement des devoirs ; elle avait oublié une ou deux des courses qu’elle comptait faire. Qu’importait ? Appuyés à la petite table, ils se regardaient, se parlaient avec la même miraculeuse volubilité. Nicole goûtait à peine les gâteaux qu’elle mangeait, tant la saveur de leur accord mutuel et enchanté abolissait tout ce qui était matière et réalité.

Après de pareilles heures, quand Nicole rentrait, elle appliquait toute sa volonté à empêcher ses yeux de briller, et à bien entendre ce que, à la maison, on pouvait lui dire ; car en réalité elle n’était pas encore rentrée en esprit, elle repassait les chers instants, elle rêvait éveillée ; elle aurait bien pu sourire sans cause.

Il ne fallait pas que les autres voient. Il ne fallait pas que les autres sachent. Mais elle en avait la fièvre…

Elle prenait un livre et courait au plus tôt s’enfermer dans sa chambre ; seulement, au lieu de lire, elle se rappelait qu’elle avait oublié de dire une chose à Alain, ou que telle de leurs paroles appelait des développements. Elle lui écrivait. Alain