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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/126

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LA PLUS BELLE CHOSE DU MONDE

lui téléphonait. Leurs deux esprits, leurs deux cœurs de plus en plus se pénétraient, s’emmêlaient, la douceur souveraine de l’amour sournoisement s’était emparée d’eux.


Pourtant, ils parlaient toujours de leur amitié.

Puis, un soir, Alain hésita plus que d’habitude à quitter Nicole. Il ne pouvait se décider à partir, éprouvant tout à coup violemment qu’il désirait toujours demeurer auprès d’elle. Il disait : « Il faut que je m’en aille, » mais sans bouger. Souvent, il avait tenu la main de Nicole dans la sienne, mais comme distraitement, et sans cesser de parler. Ce soir-là, soudain, il ne pouvait plus parler. Avec des yeux humides, changés, trop tendres, il regardait Nicole, que le même émoi envahissait et qui se détourna, rougissante.

Alors, enhardi et confus à la fois, il attira sous ses lèvres le doux visage féminin. Il s’était attendu à voir une petite main s’interposer, mais Nicole cédait emportée par sa propre impulsion, par son sentiment qui se démasquait et se montrait dans sa force et sa vérité.

Leur amitié, leur douce, leur tranquille, leur rêveuse, leur sereine amitié, c’était donc de l’amour ? Et pendant qu’elle répondait à ce premier et émouvant baiser, une angoisse sourde s’insinuait et se mêlait au bonheur que ressentait Nicole.