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de toutes ses dents très blanches, était bien le plus franc, le plus gai qu’il fût possible d’imaginer ; mais si les badinages de ses amies dépassaient les bornes du bon sens, sa bouche se fermait d’une façon à laquelle ni Monique, ni Lucette ne résistaient.

Lucette surtout, tout de suite désirait devenir sage, parfaite, comme une sainte dans une niche.

Cette jeune sévérité chez Nicole ne déplaisait pas, cependant. Moins enfant que ses compagnes, elle compatissait déjà aux afflictions que révélait chaque détour du chemin. Monique, Claire, Lucette ne se gênaient jamais pour les autres. Elles avançaient insouciantes et égoïstes. Nicole, au contraire, courait ça et là pour rendre service à tous, et, la classe finie, s’abstenait de jouer, si l’on pouvait avoir besoin d’elle quelque part. Mais elle dissimulait cette bonté, l’entourait de mystère. Si elle refusait de sortir avec l’une de ses compagnes, elle disait : « C’est impossible, » sans s’expliquer davantage. Placée dans le même cas, Lucette, elle, racontait tout au long ce qui l’en empêchait ; aussi, s’irritait-elle contre Nicole qui ne répondait pas avec la même simplicité à ses enquêtes. Elle s’irritait de montrer seule de la confiance, et que Nicole fût si fermée à son égard. Pour se venger, elle prenait