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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/21

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des résolutions farouches : elle aussi, la prochaine fois, se tairait.

Mais, d’un certain regard et avec des paroles flatteuses ou taquines, Nicole la tirait vite de son mutisme forcé, et Lucette redevenait loquace et naturelle. D’ailleurs toujours sans défiance et sans rancune, enthousiaste et communicative, elle éprouvait un irrésistible besoin de s’épancher. Et Nicole, malicieuse, jouait avec elle comme une chatte joue avec un peloton de fil.

Après la classe, par exemple, elle trouvait invariablement quelque ronde à faire par tout le couvent, ce qui retardait sans mesure le moment du départ. Elle proposait à Lucette :

— Si tu veux m’attendre, je te rejoindrai dehors…

Claire et Monique se lassaient, s’en allaient, Lucette restait à la porte. Les minutes s’ajoutaient aux minutes, Nicole ne paraissait toujours pas. Lucette, s’impatientant, attendait tout de même.

Quand Nicole arrivait enfin, elle lui disait :

— Demain, préviens-moi, si tu en as pour aussi longtemps, ce n’est guère amusant, tu sais…

Le lendemain, la même attente recommençait, pendant que Nicole se rendait à des entrevues mystérieuses. Parfois, Lucette pensait que Nicole, rusée, demeurait tout simplement dans la classe,