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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/23

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Pour prouver la justesse de cette affirmation, Claire revint pendant que les autres mangeaient, sur un sujet qui les intéressait beaucoup.

— Mes pauvres, Poupon Rose s’embarque dans dix jours ! Quel malheur. Nous ne le reverrons peut-être jamais.

— À quoi allons-nous bien nous amuser, maintenant qu’il ne sera plus là ? demanda Monique.

— Avec quoi remplir le vide de vos cœurs innombrables ? se moqua Nicole.

— Et le vide du tien ? grogna Lucette, c’est pourtant toi qui me l’as fait aimer, à force de m’en parler…


Poupon Rose ! Elles seules savaient ce que représentaient ces mots magiques, qui avaient rempli leur dernière année scolaire d’un intérêt palpitant et profond et développé en elles un amour immense pour la littérature.

Lorsque, penchées sur leurs pupitres, la plume à la main, les yeux vagues, l’air inspiré, elles « composaient », Mère Sainte-Marie de la Crèche, heureuse et sans inquiétude, les surveillait d’un œil complaisant. Elle était très satisfaite de leurs devoirs toujours soignés, elle s’émerveillait de leur application soutenue, du sérieux qu’elles apportaient à lire et à commenter les livres que