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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/42

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LA PLUS BELLE

Bientôt, elles se rencontrèrent plus rarement. Monique sortait avec des jeunes gens, et refusait le samedi de se joindre à Lucette ou à Nicole ; elle allait prendre le thé au Windsor, ou au Ritz tout neuf. La blonde Claire se tenait à l’écart d’une pareille réalité, et rêvassait, toujours la même. L’austère Nicole cachait de plus belle le fond de sa pensée. Sa piété croissait. Les autres croyaient bien qu’elle se ferait religieuse. Nicole riait si on le lui disait, de ce rire qui les mystifiait. Elle les laissait à leur doute. Elle était cependant décidée : pas de couvent pour elle ; de la religion, mais pas de couvent. Son indépendance ne s’accommoderait pas du régime d’une communauté. Elle aimait trop vivre dehors. Elle raffolait de la chasse, de la pêche, du grand air, des courses dans les bois, des choses rudes qu’on défendait encore aux jeunes filles dans son milieu. Elle détestait s’habiller ; à quoi bon ces frais, elle ne tenait aucunement à plaire. À part ses trois amies, elle n’aimait à rencontrer personne. Si parfois, l’une d’elles l’accompagnant, s’arrêtait un instant dans la rue pour parler à quelqu’un, Nicole ne se laissait pas présenter et, sans attendre, continuait sa route seule, tant elle redoutait un visage nouveau.