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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/53

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Il fallait absolument que, tout de suite, Lucette vît son amie Claire pour lui apprendre la grande nouvelle. Elle dégringola quatre à quatre l’escalier, courut sans dignité vers l’avenue Laval. Quittant la rue Saint-Denis, elle tourna en biaisant à travers la rue Rachel encore étroite, oublia de regarder, à la librairie Pinault, les boîtes de papier à lettres français qui la retenaient d’habitude si longtemps en admiration.

Son cœur battait. Quelle merveille que la vie ! C’était inespéré, trop beau, aller passer tout un été à Percé.

Elle verrait enfin la mer, puis toute cette Gaspésie dont on lui avait tant parlé. Marchant toujours plus vite, pressée de communiquer sa joie, elle fut soudain prise de panique. Mieux valait se sentir moins heureuse. Sans cela, quelque obstacle surgirait et elle manquerait ce voyage.

Entrant chez Claire elle se jeta dans le fauteuil vert, essoufflée, lasse, s’épongeant.

— Dis-moi vite ce qui t’arrive. Jean Sylvestre t’a répondu ?

Jean Sylvestre ! Elle pensait bien à Jean Sylvestre !

— Je pars pour Percé avec tante Aline, le 28 juin, et j’y resterai jusqu’au premier octobre.

— Lucette, tu en as une veine…