Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[ 52 ]
LA PLUS BELLE

Elles eurent un moment d’excitation, d’enthousiasme partagé…

— Moi qui croyais m’ennuyer tout l’été boulevard Saint-Joseph, parce que marraine avait vendu la maison de Sainte-Agathe…

— Et sans l’espoir de revoir « Poivre et Sel ! »…

— « Poivre et Sel ! » Je ne l’aime plus. Lui non plus, ma pauvre Claire. Encore une fois, ce n’était pas sérieux. En ce moment, je m’en moque, l’amour m’est souverainement indifférent. Tiens, je préférerais, je crois, voyager toute ma vie. Ah ! Dieu, que je suis contente. Mais je voudrais que ce soit immédiatement, demain, le départ. Trente jours à attendre, tant de choses peuvent se produire. Je ne dormirai pas, je ne mangerai pas, l’impatience me dévorera, ce sera un martyr, la rançon de ce trop grand bonheur…

— Oh ! toi, avec tes rançons… Le temps, ça passe toujours, tu sais bien. Et tes préparatifs t’occuperont.

Les préparatifs, elle n’y avait pas pensé. Tout d’une haleine, emballée, Lucette énuméra ce qu’elle achèterait.

Un maillot de bain, un manteau de tweed, des souliers de sport, et beaucoup de robes. C’était non seulement magnifique, Percé, mais très animé. On allait paraît-il, marcher tous les jours dans la montagne, et l’on se promenait en barque