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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/55

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sur la mer. La mer, la mer, la mer… La mer qu’elle n’avait jamais vue, Lucette naïvement l’imaginait en furie, avec d’immenses vagues qui déferlaient avec fracas. Et ce fracas la comblait d’aise.


Le soir du départ vint enfin. À la gare Bonaventure, la longue chenille du train attendait. Le bruit régnait souverain, les voix humaines se cherchaient dans les voix métalliques des wagonnettes chargées de bagages lancées à toute vitesse sur le quai, et dans le halètement des locomotives toutes prêtes.

Monique et Nicole venaient dire adieu à leur amie, et ne trouvaient à répéter que cette unique phrase :

— Que tu as de la chance.

Monique, dans un accès de rage feinte, comme elle en avait eu si souvent au couvent ajouta :

— Non, mais je voudrais te pincer. Qu’as-tu fait de plus que nous pour mériter pareille joie ?

— Des neuvaines.

Monique allait bondir, mais Aline de Villemure s’approchait, et l’élan de Monique s’arrêta. Elle l’accueillit de son plus joli sourire.

Elle redevenait bien élevée, et elle dit :

— Lucette en a de la veine, Mademoiselle, d’avoir une fée pour marraine.