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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/56

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— Mais je voudrais bien pouvoir vous amener aussi, ô heureuse jeunesse.

D’un œil amusé, Aline de Villemure contemplait la fraîcheur de ces teints, l’éclat de ces yeux, la vivacité, l’intensité de ces expressions. Elle était jolie elle-même malgré la quarantaine entamée, et très élégante. Était-elle infirmière par goût, par vocation ? ou, parce que, tout de même, le célibat n’est supportable qu’avec son indépendance assurée ? Lucette n’en savait rien.

Sa tante Aline émettait bien, à l’occasion, des idées combattives, elle se permettait des réflexions malicieuses sur les hommes, mais sans aigreur. Elle prétendait du reste aimer beaucoup mieux ceux-ci que les femmes.

— Les femmes sont si méchantes et si sottes parfois, disait-elle à Lucette.

— Pas moi, ma tante ?

— Tu n’es pas une femme, tu n’es qu’une petite fille et j’espère que tu seras une exception.

— Comme vous ?

— Comme moi, si tu veux.

— Les hommes, que sont-ils ? demandait Lucette, qui désirait s’instruire.

— Oh ! la plupart demeurent enfants toute leur vie, c’est pour cela qu’ils sont égoïstes et qu’on leur pardonne tout de même.