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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/164

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LE NOM DANS LE BRONZE

vides d’images. Sa figure trop éloignée ne s’y reflète même pas. Non, la mer mystérieuse n’est pas un cristal magique, elle ne révèle pas l’avenir.

Autrement, Marguerite y verrait son cœur guérir, sa pensée changer peu à peu, comme son corps. Elle verrait un sentiment nouveau, fleurir sur les cendres de l’ancien, car ce qui semble actuellement précieux deviendra plus tard indifférent. Et la mer lui montrerait cette œuvre, bonne et cruelle à la fois, des années qui poussent si vite les unes sur les autres, diverses, mais toujours à peu près également semées de joies et de peines, d’épreuves et de bonheurs fugaces… La mer lui dévoilerait, parmi les années approchantes, des jours lumineux et d’une plénitude parfaite, mais aussi des jours sans clarté que, broyés, meurtris, désespérés, il faut quand même traverser. À cause de ceux-ci, il est préférable que le cristal magique n’existe pas. Comment supporter la vie, autrement ?

La vie, Marguerite l’acceptera mieux qu’une autre ; elle saura rire plus vite après avoir pleuré, oublier ses révoltes, ses désespoirs…

Mais elle a beau se pencher sur la mer étince-