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LE NOM DANS LE BRONZE

étrange, j’aime le voyage et je déteste partir. On ne sait jamais ce qu’on retrouve au retour…

— Je ne croyais pas que vous pouviez être pessimiste…

— Je ne le suis pas. Mais le cœur me manque en partant, comme dans un ascenseur qui descend trop vite. Mes impressions, d’ailleurs, sont plutôt fugaces. Voyez, je ne suis plus triste.

Et elle le regarde droit dans les yeux ; il peut constater qu’elle dit vrai. Il est attiré par cette façon qu’elle a de regarder et qui révèle une âme si jeune, n’ayant rien à cacher. De nouveau, en effet, elle paraît joyeuse, sans arrière-pensée. Elle ne s’appesantit jamais volontairement sur rien, elle glisse sur ses petits soucis. L’attention de Philippe a dissipé le nuage. N’est-ce pas toujours ainsi ? Une distraction chasse un ennui, une bonne impression en chasse une mauvaise.

Les chaises approchées du bastingage, ils surveillent avec intérêt la terre qui défile ; la Pointe aux Pins, semée de chalets blancs ou jaunes, puis la côte plate et verte, si calme, où l’on voit saillir, de distance en