LE COMTE
Voici ton poignard, je te le rends ; regarde
Où bat son cœur, et frappe. Enfonce-lui la garde
Dans la chair.
JACQUES DE VALDEROSE
Qui ? moi ? moi ?
LE COMTE
Si tu l’aimes, oui, toi :
Ce serait déjà fait si je l’aimais. Pour moi,
Je n’ai plus de fureur, car mon cœur se soulève
De dégoût. Un amant a la haine plus brève,
Le bras plus violent et plus prompt qu’un époux
Sans amour, et resté de son nom seul jaloux.
Ma tranquille justice attend qu’elle soit morte :
De ma main, de la tienne ou d’une autre. Qu’importe !
Tu l’aimes, frappe-la, car elle t’a trompé
Plus que moi. Tu croyais tout son cœur occupé
De ton amour. Son cœur est un terrible abîme.
Ce qu’elle aimait en toi, chétif, c’était ton crime !
T’aimer ?... toi ?... Connais-tu son véritable amant ?
C’est un Anglais... Gautier Romas.