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Page:Lettres de Mlle de Lespinasse (éd. Garnier).djvu/355

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M. de St-Germain y répondra peut-être en quatre mots : cela vous épargnera bien de la peine ; cependant si c’était un moyen d’ajouter à votre réputation, je le regretterais pour vous.

Le chevalier va faire jouer une pièce qu’il vient de composer ; il ne l’a fait voir à personne : cette manière lui a bien réussi pour Agathe, et je souhaite qu’il s’en trouve aussi bien cette fois-ci. Ce que c’est que le monde, le torrent de la société ! Ils jouent et font des comédies ; ils ont sans cesse des scènes entre eux qui sont d’un genre larmoyant ; ils se tourmentent du matin au soir : c’est l’amour-propre qui se plaint d’un côté, et de l’autre c’est une vanité effrénée. Je me meurs de peur qu’avec les talents qu’ils ont tous les deux pour la comédie, et même pour la tragédie, ils amènent une scène de dénouement à une pièce qui devrait finir sans éclat. Oh ! comme tout le monde est malheureux ! — Vous voyez bien que je ne peux pas vous écrire jusqu’à votre départ, surtout lorsqu’il n’est pas fixé ; je ne veux pas qu’il reste une lettre après que vous serez parti. Adieu, je vous aime partout où je suis, mais non pas partout où vous êtes. Voilà le dénouement pour nous.



LETTRE CXLII

Vendredi, 27 octobre 1775.

Je viens de recevoir trois lettres de Fontainebleau : elles sont du 26, et M. de Saint-Germain n’était pas encore arrivé. Mon ami, vous me disiez mercredi matin que vous m’écririez le soir, et vous n’avez pas