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Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/41

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dent, mais d’être à sa place. Et, ici, mon amitié a dû faire violence à ma modestie. J’étais, en effet, l’ami de votre illustre compatriote Guy de Maupassant. Et si la cérémonie d’aujourd’hui ravive et réveille en moi le souvenir douloureux de sa fin si prématurée et si triste, j’éprouve aussi cette joie, un peu mélancolique encore, mais noble et sereine, qu’on doit trouver à voir les morts qu’on a aimés ressusciter dans la gloire.

Le buste déjà élevé à Paris, au parc Monceau, ne suffisait pas ; M. Henry Fouquier l’explique ensuite en ces termes :

Messieurs, nous avons tous deux patries : la petite et la grande. L’une est dans la province, dans la ville ou dans le village où nous sommes nés. L’autre, c’est la patrie française commune à nous tous et dont Paris, malgré ses fièvres ou ses erreurs, reste comme la rayonnante couronne. À double patrie double amour. Et à ce sentiment du culte d’un chacun pour la terre d’origine, - sentiment qui me semble s’être développé de nos jours, entretenu par des Sociétés comme celle de la « Pomme », que vous connaissez tous ici, comme celle de la « Cigale », qui rassemble, à Paris même, mes compatriotes de Provence, - à ce sentiment, il n’est nul péril, quoi qu’on en ait dit à tort ! Plus doux, plus près des souvenirs de l’enfance, qui nous reviennent au cœur avec l’âge qui nous éloigne d’elle, roses remontantes de l’automne de la vie, l’amour de la petite patrie enseigne l’amour plus viril, plus raisonné, de la grande ! C’est pour cela que vous avez voulu honorer Guy de Maupassant, à la fois comme un grand lettré qui appartient à la France et, plus particulièrement aujour- d’hui, comme le fils aimé de votre terre normande : terre pleine de robustesse et de grâce, qui a eu le privilège de toutes les fécondités, et qui a donné à la grande patrie