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Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/84

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tant son roman commencé. Ce soir-là, il s’était retrouvé tout entier, bien différent, toutefois, du Maupassant des années saines qui, paraît-il, ne parlait jamais de ses œuvres et ne souffrait pas qu’on en parlât. Cette soirée est un des souvenirs les plus profonds de ma vie. — À un autre moment, il m’affirma qu’il ne croyait à rien, qu’il niait la survie, qu’il était matérialiste, et que ses contes fantastiques, tels que Le Horla, ne correspondaient à rien qu’il eût éprouvé, que c’étaient de pures imaginations à froid. — Peut-être voulait-il, ainsi, écarter le soupçon d’hallucinations. En revanche, il décrivait avec éloquence les délices de l’étheromanie, prétendant toutefois ne plus s’y livrer jamais : mais il nous montrait, sur sa table, une rangée de flacons à parfums, avec lesquels, disait-il, il se donnait des symphonies d’odeurs... Au bout de trois jours, n’ayant pu obtenir la « douche de Charcot », il partit, et nous ne nous sommes plus revus. — Je crois que M. Pol Neveux, aurait des choses intéressantes à vous communiquer. - Pour moi, je serais très heureux d’avoir copie du passage de la lettre où Maupassant parle de moi... Merci d’avance, Monsieur et éminent confrère. Excusez cette feuille coupée, le papier me manque, en ce village, et il ne me reste plus que la place de vous offrir l’expression de mes plus distingués et de mes plus dévoilés sentiments.

Vôtre
Auguste Dorchain

Voilà la lettre de Maupassant, dont M. Dorchain vient de parler et dont veut bien me communiquer, en novembre 1903, la copie fidèle :