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Page:Marcel Proust - Chroniques, éd. 1936.djvu/149

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II

Ces remarques faciles, je ne saurai les appliquer à la conférence qui vient de se fonder rue Serpente et dont j’ai d’excellentes raisons pour ne dire que du bien. On ne me croirait pas si je disais que, même en m’exceptant, tous les membres sont doués d’un vrai génie politique, d’un sérieux sans bornes et d’une modestie sans exemples. Mais il y a une proportion très forte de jeunes gens très intelligents. Si l’on osait se permettre sur eux une seule plaisanterie, bien sympathique d’ailleurs, ce serait à l’endroit de leur puissance d’illusion, de la persistante gravité et du naturel parfait avec lequel ils disent : « Monsieur le président du Conseil », « mon cher collègue », « mon long passé politique », « les haines séculaires du parti que vous représentez », « le gouvernement qui siège sur ces bancs a la France avec lui », toute une phraséologie à peine comique et très touchante, qui semble impliquer que par un miracle hebdomadaire la personne de ces députés, pas tous majeurs, se prolonge tout à coup le lundi soir dans le passé, s’enrichit de