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Page:Marcel Proust - Chroniques, éd. 1936.djvu/183

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NOTES ET SOUVENIRS

Mais laissons les tonneliers de rubis, les vanniers de rose et d’argent, inscrire au fond du vitrail la « muette protestation » que M. Jaurès saurait nous rendre avec tant d’éloquence et que nous le supplions de faire parvenir jusqu’aux oreilles des députés, et, oubliant ce peuple innombrable et silencieux, ancêtres d’électeurs dont la Chambre ne se soucie guère, pour finir, résumons-nous.

Premièrement la protection même des plus belles œuvres de l’architecture et de la sculpture françaises qui mourront le jour où elles ne serviront plus au culte des besoins duquel elles sont nées, qui est leur fonction comme elles sont ses organes, qui est leur explication parce qu’il est leur âme, fait un devoir au gouvernement d’exiger que le culte soit perpétuellement célébré dans les cathédrales au lieu que le projet Briand l’autorise à faire des cathédrales, au bout de quelques années, tels musées ou salles de conférences (à supposer le mieux) qu’il lui plaira, et même, si le gouvernement ne prenait pas cette initiative, autorise le clergé s’il en trouve la location trop dispendieuse (et par le fait qu’il ne sera plus subventionné, on peut le dire le force) à n’y plus célébrer d’offices.

Deuxièmement : le maintien du plus grand ensemble artistique qui se puisse concevoir, historique et pourtant vivant, des millions pour la reconstitution duquel on ne reculerait devant aucune dépense s’il n’existait plus, à savoir la messe dans les cathédrales, fait un devoir au gouvernement de subventionner l’Église catholique pour l’entretien d’un culte qui importe autrement à la conservation du plus noble art français (pour continuer à nous tenir uniquement à ce point de vue profane), que les conservatoires, théâtres de