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LES ÉBLOUISSEMENTS

par la Comtesse de Noailles

« Mon Dieu, que voulez-vous » répondait Sainte-Beuve à MM. de Goncourt qui se plaignaient qu’on parlât toujours du génie de Voltaire, « je conçois qu’à propos de Voltaire on soit amené à parler de génie ; et, entre nous, avouons qu’il ne l’a vraiment pas volé ! » On pense à ce mot de Sainte-Beuve quand on vient de finir le dernier volume de vers de Mme de Noailles, Les Éblouissements, et on l’applique à Mme de Noailles. On se dit que si, à propos d’elle, on parle de génie, elle ne l’a vraiment pas volé ! On pense aussi à cette lettre que Joubert écrivait à Mme de Beaumont au moment de l’apparition d’Atala et qu’on aurait pu écrire à propos des Éblouissements, si l’on écrivait encore aussi bien : « … Il y a dans cet ouvrage une Vénus, céleste pour les uns, terrestre pour les autres, mais se faisant sentir à tous. Ce livre-ci n’est point un livre comme un autre… Les bons juges y trouveront peut-être à reprendre, mais n’y trouveront