la terre », la « coupe du soleil », la « cendre du soleil », le « vol de l’illusion ».
Je l’ai vu écoutant d’un regard sarcastique les plus belles pièces de Musset, or il n’est souvent lui-même qu’un Musset plus rigide mais aussi déclamatoire. Et la ressemblance est quelquefois si hallucinante que j’avoue ne pas arriver à me souvenir si
Tu ne sommeillais pas calme comme Ophélie
que je suis pourtant persuadé être de Leconte de
Lisle, n’est pas de Musset, tant cela ressemble à un
vers de ce dernier. Leconte de Lisle, sans préjudice
des images des autres, avait ses bizarres façons de
dire à lui. Toujours les animaux étaient le Chef, le
Roi, le Prince de quelque chose, absolument comme
Midi est « Roi des Étés ». Il ne disait pas le lion, mais
« Voici ton heure ô Roi du Sennaar, ô Chef ! », le tigre,
mais le « Seigneur rayé », la panthère noire mais
« la Reine de Java, la noire chasseresse », le jaguar, mais
le « Chasseur au beau poil », le loup, mais le
« Seigneur du Hartz », l’albatros, mais le « Roi de l’Espace »,
le requin, mais le « sinistre rôdeur des steppes de la mer ».
Arrêtons-nous parce qu’il y aurait encore tous les
serpents. Plus tard, il est vrai, il a renoncé aux
métaphores et comme Flaubert avec lequel il a tant
de rapports, n’a pas voulu que rien s’interposât entre
les mets et l’objet. Dans le Lévrier de Magnus, il
parle du lévrier avec la parfaite ressemblance qu’aurait
eue Flaubert dans la Légende de saint Julien l’Hospitalier :
L’arc vertébral tendu, nœuds par nœuds étagé,
Il a posé sa tête aiguë entre ses pattes.