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Page:Marcel Proust - Chroniques, éd. 1936.djvu/85

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II

« Nature généreuse si riche dans l’expansion de sa vitalité ». C’est de la France que M. de Cholet parle en ces termes et il semble, à qui a terminé son livre, qu’il parlait ainsi de lui-même. Ce qui anime ce livre et lui donne tant d’intérêt, c’est en effet la vitalité sous toutes ses formes, vie voluptueuse de l’imagination artistique qui s’attache aux paysages les plus divers et les recrée, vie austère de la pensée qui médite les plus graves problèmes de l’histoire, vie énergique d’une volonté sans limites et sans défaillances qui poursuit les entreprises les plus difficiles et les mène à bonne fin. La fièvre de la pensée et de l’activité donne sa chaleur au récit qui embrasse tout le voyage du comte de Cholet, depuis Constantinople jusqu’à Erzeroum, Diarbekir, Bagdad et Alexandrette, voyage accompli sans hésitations, sans plaintes, malgré la rigueur extraordinaire de la température, le voisinage des brigands, malgré de toutes parts des difficultés presque insurmontables et surmontées avec une allégresse qui donne au style une vie singulière. La