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Page:Maupassant - Conte de la bécasse, 1906.djvu/268

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un fils

abandonnés, mais choisissez-en un qui réponde à votre peine. »

Que dire à cela ?

Et si je laissais percer un soupçon des doutes qui me torturent, ce crétin, certes, deviendrait malin pour m’exploiter, me compromettre, me perdre. Il me crierait « papa », comme dans mon rêve.

Et je me dis que j’ai tué la mère et perdu cet être atrophié, larve d’écurie, éclose et poussée dans le fumier, cet homme qui, élevé comme d’autres, aurait été pareil aux autres.

Et vous ne vous figurez pas la sensation étrange, confuse et intolérable que j’éprouve en face de lui en songeant que cela est sorti de moi, qu’il tient à moi par ce lien intime qui lie le fils au père, que, grâce aux terribles lois de l’hérédité, il est moi par mille choses, par son sang et par sa chair, et qu’il a jusqu’aux mêmes germes de maladies, aux mêmes ferments de passions.

Et j’ai sans cesse un inapaisable et douloureux besoin de le voir ; et sa vue me fait horriblement souffrir ; et de ma fenêtre, à-bas, je le regarde pendant des heures remuer et charrier les ordures