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Page:Maupassant - Fort comme la mort, Ollendorff, 1903.djvu/211

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fort comme la mort

— Ah ! par exemple, voilà bien une des choses les plus étonnantes que j’aie vues !

Et les Corbelle, dont la conviction suivait toujours
les opinions établies, s’émerveillèrent à leur tour avec une ardeur plus discrète.

Le cœur de la comtesse se serrait. Il se serrait peu à peu, comme si les exclamations étonnées de toutes ces gens l’eussent comprimé en lui faisant mal. Sans rien dire, elle regardait sa fille à côté de son image, et un énervement l’enva­hissait. Elle avait envie de crier : « Mais taisez-vous donc ! Je le sais bien qu’elle me ressemble ! »

Jusqu’à la fin de la soirée, elle demeura mélancolique, perdant de nouveau la confiance qu’elle avait retrouvée la veille.

Bertin causait avec elle, lorsque le marquis de Farandal fut annoncé. Le peintre, en le voyant entrer et s’approcher de la maîtresse de maison, se leva, glissa derrière son fauteuil en murmurant : « Allons, bon voilà cette grande bête, maintenant », puis, ayant fait un détour, il gagna la porte et s’en alla.

La comtesse, après avoir reçu les compliments du