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Page:Maupassant - Fort comme la mort, Ollendorff, 1903.djvu/251

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fort comme la mort

adroitement son éloge, disaient de lui ce qu’il fallait dire pour que la jeune fille comprît qu’il dépendait uniquement d’elle de l’épouser s’il lui plaisait.

Elle l’avait compris très vite d’ailleurs, et, raisonnant avec candeur, jugeait tout simple de prendre pour mari ce beau garçon qui lui donnerait, entre autres satisfactions, celle qu’elle préférait à toutes de galoper chaque matin à côté de lui, sur un pur sang.

Ils se trouvèrent fiancés un jour, tout naturellement, après une poignée de main et un sourire, et on parla de ce mariage comme d’une chose depuis longtemps décidée. Alors le marquis commença à apporter des cadeaux. La duchesse traitait Annette comme sa propre fille. Donc toute cette affaire avait été chauffée par un accord commun sur un petit feu d’intimité, pendant les heures calmes du jour, et le marquis, ayant en outre beaucoup d’autres occupations, de relations, de servitudes et de devoirs, venait rarement dans la soirée.

C’était le tour d’Olivier. Il dînait régulièrement chaque semaine chez ses amis, et continuait aussi à apparaître à l’improviste pour leur demander une tasse de thé entre dix heures et minuit.

Dès son entrée, la comtesse l’épiait, mordue par le désir de savoir ce qui se passait dans son cœur. Il n’avait pas un regard, pas un geste qu’elle n’interprétât aussitôt et elle était torturée par cette pensée : « Il est impossible qu’il ne l’aime pas en nous voyant l’une auprès de l’autre. »

Lui aussi, il apportait des cadeaux. Il ne se passait point de semaine sans qu’il apparût portant à la main deux petits paquets, dont il offrait l’un à la mère, l’autre à la fille ; et la comtesse ; ouvrant les boîtes qui con-