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LES RESSUSCITÉS

les épaules de Marmontel, et vous verrez M. de Jouy. C’est absolument la même façon de dire, de voir, de sentir. C’est le même bonheur dans le même talent. Je vais plus loin, ce sont les mêmes ouvrages. — Comme Marmontel, M. de Jouy a fait des tragédies, des opéras et des romans. C’est la même plume qui a écrit le Zirphile de l’un et la Guirlande de l’autre ; c’est la même pensée qui a dicté Fernand Cortez et les Incas. Marmontel a fait les Contes moraux, M. de Jouy a fait l’Ermite de la Chaussée-d’Antin. Tous les deux enfin ont mis au monde un Bélisaire. — Trouvez-moi l’exemple d’une plus frappante analogie.

Il y a comme cela un homme qui se perpétue à travers tous les siècles, — un beau masque, je te connais, qui revient tous les cinquante ans avec un habit neuf, — un même académicien qui occupe sans cesse le même fauteuil, — un auteur qui n’est éternellement occupé qu’à se dédoubler et à se tirer à plusieurs exemplaires. Au xviie siècle, ce personnage s’appelait Quinault, au xviiie Marmontel, au xixe M. de Jouy. Chacun d’eux n’a jamais été que l’édition revue et corrigée de son pré-