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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/304

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LES RESSUSCITÉS

Ici la parodie est complète ; elle dérive de Robert Macaire, cette pièce monstrueuse qui a exercé autant d’influence sur les mœurs du dix-neuvième siècle que le Mariage de Figaro sur celles du dix-huitième. La raillerie étourdie du jeune Ourliac ne s’arrête devant aucune sottise, pas même devant la sottise paternelle. Il se moque des cheveux blancs, quand ces cheveux sont ceux de Jocrisse. Tout principe, toute moralité s’envole devant sa téméraire épigramme. Il amuse, c’est vrai, mais à des conditions inacceptables ; et plus tard, Édouard Ourliac devait être le premier à regretter tant de verve employée si mal à propos. La gouaillerie littéraire reprend le dessus. — « Demain, je vous ferai embarquer ! s’écrie le père ».

« Joséphin. — Embarquer ! ça va. Couleur maritime. Oh ! les heures de quart, par les belles nuits du tropique ! l’horizon bleu, le bercement des huniers, les mœurs tranchées, l’agile corvette qui file dix nœuds, les pays nouveaux, les brunes filles de Madras, de l’or, du grog et du tafia !

Le père. — Tu ne t’embarqueras pas ; je te ferai mettre à la tour de Saint-Quentin.

Joséphin. — La tour ! Couleur moyen âge. Tête-Dieu ! messeigneurs les hauts barons n’ont pas tel fief dans leur apanage : quatre donjons avec mâchicoulis et barbacanes, haute et basse justice dans le