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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/76

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LES RESSUSCITÉS

d’orage que nous traversons, et que, n’ayant plus d’espoir que dans le Christ, il désespérait de toutes forces humaines, — même des siennes.

Aussi quelquefois, du fond de sa vieillesse, il lui prend de singulières amertumes, des accès de goutte littéraire pour ainsi dire ; il gémit, il se désole, parce que la démocratie est entrée enfin dans la littérature, ainsi que dans le reste de la société. Or, lui ne veut pas de la démocratie. « On ne reconnaît plus de maîtres et d’autorités, on n’accepte plus d’opinions faites, le libre examen est reçu au Parnasse. » Or, lui ne veut pas du libre examen. Il se plaint de l’envie qui s’attache aux grands noms, des gloires que l’on déprécie, des réputations qu’on dénigre, — injuste en cela pour toute une époque qui l’a entouré d’un respect vraiment unique. Il raille l’école de 1830, il

    Va, sers le peuple, en butte à leurs bravades,
    Ce peuple humain, des grands hommes épris,
    Qui t’emportait vainqueur aux barricades,
    Comme un trophée, entre ses bras meurtris.

    Ne sers que lui. Pour lui ma voix te somme
    D’un prompt retour après un triste adieu ;
    Sa cause est sainte ; il souffre, et tout grand homme
    Auprès du peuple est envoyé de Dieu.