Page:Nerval - Élégies nationales et Satires politiques, 1827.djvu/45

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Rallume son courage au milieu des revers,
Et que l’adversité qui frappe sur son âme
En ait fait jaillir des éclairs :
« Amis, dit-il, un jour viendra pour la vengeance,
Puisque la trahison la livre à ses tyrans,
Craignons de déchirer la France
En la défendant plus long-temps :
À notre épuisement, qu’on croit une défaite,
L’Italie offre encore une noble retraite,
Qu’on m’y suive et bientôt…. »
Il n’a point achevé.
Car, au lieu d’enflammer, il ne fait que confondre ;
Et dans tous les regards, qui craignent de répondre,
Son œil cherchait l’espoir.… et ne l’a pas trouvé.

Infidèle à sa gloire, en un moment flétrie,
Un guerrier a livré son maître et sa patrie ;
On l’apprend… Aussitôt tout est muet, glacé ;
Soit découragement, soit trahison, soit crainte,
Par un souffle de mort la valeur semble éteinte,
Et dans des cœurs français l’honneur semble effacé :
Que peut Napoléon, si rien ne le seconde ?
Partout abandonné, paralysé, trahi ;
Il voit que c’en est fait, que son règne est fini,
Et d’un seul trait de plume il abdique le monde !