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SABBAT

nité aux mères qui vieillissent, mes larmes aux enfants qui ne vivent pas, de montrer leur route aux oiseaux qui la cherchent, d’ouvrir l’enfer aux Orphée sonores de désespoir et de musique, d’apprendre, à leurs bien-aimés, quand ils les contemplent et les étreignent, comment Dieu désire…

À mes poètes de réveiller les morts et de caresser l’amour !

À eux de m’assister de leur génie et de m’asseoir dans ma plénitude. À eux de me dégager de ce monde confus qui m’environne, encore, et dans lequel j’erre avec mon ombre trop pensive et mon pas de Rêveur qui ne fait point de bruit… À eux, de comprendre que je ne me révèle, tout à fait, que par la ferveur des âmes et le vouloir des choses, à eux, mes poètes, de savoir que ma Divinité n’est satisfaite qu’à la condition d’entendre, dans un cœur humain, un Dieu qui lui répond !

Mais je ne fis qu’ébaucher, que songer et qu’attendre ! Qu’ils sont longs à venir mes libérateurs, mes apôtres aux talons nus, mes pionniers aux outils inspirés comme des lyres, mes archanges vomis par les foudres triomphantes, mes Dominations envahissant l’escalier des étoiles, guidées par le Dragon insatiable et révolté !… Qu’ils sont longs à s’éveiller à eux-mêmes, les poètes, mes Lucifer aux robes pures !

Ils ont, en eux, mon souffle infini et créateur. Qu’attendent-ils pour en faire la tempête d’où sortiront l’univers éblouissant et