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SABBAT

de cerises et de résédas ? Les résédas et les cerises, dans l’âme d’une rousse, n’est-ce pas, cordonnier, que c’est à rendre fou, que c’est à dresser le Démon contre le Démon ?

D’ailleurs, la chatte est à moitié assommée, elle aussi. Ne s’est-elle pas avisée, cette imbécile, de chercher le Diable, de son œil jaune, plein de trahison, par-dessus l’épaule du cordonnier ? Cet homme subtil est jaloux de lui. « Voilà pour toi, ma rousse ! » et la chatte, en léchant, sous le bénitier bénin, son ventre douloureux, médite sur les passions de Satan…

Vive Satan, le boutiquier, le poilu ! Que veux-tu ? Il a décidé qu’à l’éternité de sa poix, de sa colle, de ses chromos grivois, idiots ou sanglants, de ses clous, de son tablier de cuir, de sa barbiche dansante, de son rire affreux, de sa frénésie qu’il ne s’explique pas, de sa concupiscence qu’il ne connaît pas toute, il fallait la dévotion absolue de Berthe, de Jeannine, d’Armande, de la Moune, ces quatre torches enflammées !