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Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/224

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L’ENVOÛTÉ

C’est toi. Mais je n’ai point — rassure-toi ! — ton double en mie de pain dans la niche funeste. Entre mes seins, si je mourais subitement, on ne trouverait pas, à la place occupée par les vieux scapulaires, un certain cœur de cire molle qui pourrait, par la blessure imperceptible et traîtresse, pleurer du sang. En criant silencieusement ton nom de toute ma voix d’outre-tombe, de toute mon âme obsédée par le crime adroit et complet des vampires, je n’ai point torturé quelque marionnette de sorcière. C’est vraiment trop puéril, trop incertain, trop facile d’avoir recours à la magie quand on veut accomplir œuvre scélérate et parfaite, et l’incantation coûte moins d’effort et de ferveur que le sourire que je sais…

Non, tu n’es pas, par la complicité du philtre, de l’onguent, de la parole qui bout dans le creuset verdâtre, ma victime déshonorée et méprisable, mais il m’a plu de te faire tourner vers moi comme l’arbre vers l’aurore, comme le troupeau vers le bercail, comme la