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SABBAT

Je t’aime, et c’est la noble, fière, courageuse expédition. Tu me plais, et c’est la guérilla, la tricherie dans le bouge, et, en plein cœur, le coup de couteau plus ravissant qu’un œillet.

Je t’aime : qu’importe ! Tu me plais : crève donc, oiseau ensorcelant, étranglé par ta chanson !

Je t’aime : soit. Tu me plais : grâce ! car cette mèche de tes cheveux qui me désespère infiniment, ah ! misère…

Mme Proserpine, dans son cabinet rouge où l’on va se confesser in extremis, sait à quoi s’en tenir :

— Vraiment, mon enfant ?…

— Oui, Madame : il est détestable, jaloux, perfide, complexe, décevant… Et puis, traître, bas et canaille comme Judas quand ça l’arrange… Pour trente deniers de paix bourgeoise, le cochon, que de fois il m’a vendue !…

— Passons… Passons…

— Il est tendre comme le cabaret et l’orgue de Barbarie, sensible comme la gouttière des faubourgs qui pleure sur le pas des filles… Et, ma foi, il est unique…

— Passons… Passons…

— Oui, passons… Mais il a, figurez-vous, une paillette d’or dans l’œil…

— Aïe !

— Et, sur le front, une grande ride triste