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Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/72

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SABBAT

le bout de son oreille, sa poitrine velue et ce que montrent les amants communs qui n’ont, certes, pas grand’chose. Et, surtout, j’aurais peur, oh ! si peur, d’être la sorcière qui fornique avec les plus bas et les plus débraillés démons du sabbat ! Jamais honte pareille ne m’est arrivée… Y penses-tu ?

Combien de mes semblables ont subi les cornes ébréchées, les queues embrasées et fumantes, la langue pendante et le pied fourchu, le nombril dans lequel est enchâssé l’œil suave d’une pécheresse en renom !

L’une d’elles, ne cesse pas d’être la proie — la malheureuse ! — d’un perroquet borgne, d’un singe à jamais impénitent, d’un porc facétieux coiffé du bicorne fleurdelisé arraché au front d’un mort mégalomane.

Et puis… Et puis… la complicité horrible du manche à balai, de la marmite entremetteuse, du crapaud accouplé au soufflet dans lequel les méchants esprits du soufre et du phosphore mènent un vacarme insensé, du bouc court vêtu qui a de la braise plein le derrière…

Oh ! quelle vision affreuse !

Mais crois-tu que je ne me sens pas divine quand, de la voix d’un oiseau, jaillit le cri qui me libère ?

Crois-tu que, par la splendeur de mes songes et la fin qu’ils poursuivent, je ne salue pas la prédestination de mon être qui n’appartient à rien de ce qui a une limite et connaît l’assouvissement ? Qui saura jamais ce que la nuit