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Page:Rachilde - Monsieur Venus, Brossier, 1889.djvu/160

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monsieur vénus

ler ; levez-vous, passons dans l’atelier.

C’était le baron de Raittolbe ; le négligé de sa toilette indiquait assez qu’il avait laissé non très loin la moitié de ses habits. Il semblait fort contrarié de se trouver là, mais une résolution irrévocable brillait sous ses épais sourcils noirs. À la fin, il était révolté de tout ce qu’il entendait et voyait. Dans cette triste situation, il pensait que son influence d’homme véritablement viril devait se déclarer. Puisqu’il avait mis un doigt dans l’engrenage, il en profiterait pour empêcher au moins l’accélération du mouvement.

— Jacques ! répéta-t-il à voix haute en s’approchant du lit.

Les lueurs de la veilleuse glissaient sur les épaules rondes du dormeur et allaient, dans une coulée caressante, jusqu’à l’extrémité de ses pieds.

Il était retombé nu, brisé de fatigue sur la courtine chiffonnée dont le satin bleu rendait plus éblouissant son épiderme de roux. Sa tête s’enfouissait dans son bras replié, si blanc qu’il en avait des teintes de nacre. Au creux des reins, une ombre d’or