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Page:Rachilde - Monsieur Venus, Brossier, 1889.djvu/171

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monsieur vénus

de me conduire comme un brutal et non comme un justicier.

— Qu’as-tu fait ? interrogea la fille, lâchant sa tasse.

— J’ai fait, j’ai fait, mille millions de diables ! j’ai rossé Mademoiselle ton frère, et cela sans m’en douter, tant j’en avais envie depuis quelques semaines.

— Tu l’as battu ?

— Corrigé d’importance !

— Pourquoi ?

— Ah, voilà ce dont je n’ai pas idée, je crois qu’il m’a insulté, et encore je n’en suis pas très sûr.

Marie, blottie dans ses draps, prenait des allures de chatte heureuse.

— Tu étais monté….., soupira-t-elle, l’amour produit souvent cet effet-là ; j’aurais dû me douter que tu allais le secouer !…

— N’en parlons plus ! Si Raoule se plaint, tu me l’adresseras… Bonsoir ! décidément, j’ai eu tort de me mêler de vos affaires. C’est trop compliqué pour le cerveau d’un honnête homme.

— Tu es fâché aussi contre moi ? interrogea la fille, se dressant tout anxieuse.