Page:Rachilde - Monsieur Venus, Brossier, 1889.djvu/221

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
195
monsieur vénus

courses, pendant lequel tous les amateurs de scandale avaient été scandalisés par l’introduction de ce petit Silvert, Raoule, folle comme les possédées du moyen âge qui avaient le démon en elles et n’agissaient plus de leur propre autorité, s’était déclarée brusquement, un matin, au chevet de la malheureuse dévote. Ce matin se trouvait très froid, très sombre, très terne, La chanoinesse, sous ses couvertures à écussons, rêvait de cilice et de pavé glacé ; elle fut réveillée par la voix sonore de son neveu, commandant un feu d’enfer à sa femme de chambre.

— Pourquoi du feu ? c’est mon jour de mortification, ma chère enfant, dit la tante, ouvrant ses paupières transparentes et livides comme des hosties.

— Parce que, chère tante, je viens causer avec vous de choses graves, et ces choses graves seront une mortification si naturelle qu’elles vous suffiront amplement !

Tout en riant d’un rire mauvais, la jeune femme s’asseyait dans un fauteuil, ramenant sur ses pieds frileux le pan de sa robe de chambre doublée d’hermine.