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Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/121

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DANS LES PRISONS DE SÉOUL.

nier. Il paraissait fatigué, avait la figure pâle, était souillé de poussière et de boue, et portait une petite cangue passée au cou. C’était notre courrier de Pyen-men ; je ne pus le reconnaître tant il était changé.

Arrêté au commencement de janvier, il avait été appliqué à une rude torture, puis on l’avait envoyé subir son jugement à la capitale. Nous pûmes le voir quelques instants, puis on le fit entrer dans le cachot des voleurs où, faute de soins et de nourriture, il s’affaiblit de plus en plus. Nous le revîmes plusieurs fois, lorsqu’on permettait aux voleurs de sortir un instant dans la cour ; plusieurs fois même, nous pûmes lui faire passer un peu de riz.

Un matin, vers le milieu du mois de mai, nous le vîmes encore, et le soir c’était son corps qu’on jetait dans la chambre aux cadavres ; je dis jeter, car c’est bien le mot. Cependant le chef des satellites eut des doutes, et le soir il envoya voir si vraiment il était mort ; le geôlier répondit affirmativement et, malgré tout, le chef donna ordre de mettre ce cadavre aux entraves, par crainte superstitieuse sans doute et parce qu’il était chrétien.

Le 20 avril, lendemain de la délivrance du vieux noble, on nous amena une vieille dame à